Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Camargue aux Camarguais
Publicité
Archives
La Camargue aux Camarguais
Newsletter
La Camargue aux Camarguais
4 septembre 2010

Petit conte Camarguais qui ne manque pas de sel !

Dans la petite commune de Saliers, en ce début du mois d’Août, la vote battait son plein, pour célébrer l’arrivée des grains de blé. Souvenez-vous, Ma-riz, la petite graine riz, qui était partie à Pa-riz pour rencontrer ses cousins graminacées et qui les avait convaincus de s’installer en Terre Sainte. Toute la famille d’Ebly avait décidé de venir tenter leur chance dans notre très chère Camargue.  C’était l’estrambord au sein du village, tous les invités se précipitaient pour fêter dignement l’évènement. Taureaux, chevaux, culévas, tout le monde était de la partie et le pastaga coulait à flot. Tous, sauf un, le seul qui n’avait pas reçu d’invitation… Baleine dit « béluga », notre saunier de Camargue. C’était pour lui l’incompréhension totale, comment pouvait-on lui infliger un tel affront ? Lui, le sel, le symbole même de la Camargue, l’or blanc de la mer ! Très affecté par cette éviction,  profondément dévarié, il décida de rejoindre quand même cette bande de Tarnagas, pour mettre son grain de sel…

A la vue du Saunier, Ma-riz compris immédiatement sa bévue, fan de Chichourle !!!! La musique s’arrêta, et tous les regards se portèrent sur Béluga, estourbi par tout ce monde. Un silence de plomb régnait dans le village, même les culévas ne vrombissaient plus. Confuse, Ma-riz prit la parole, avec son sempiternel bagou:

- « Oh Coulégo, sois le bienvenu, viens donc faire la fête à que nous, arraper le taureau, allez, je t’offre d’abord un petit coup à boire à la bodéga ? »

Béluga n’était pas aussi bédigas, il l’avait mauvaise ! Lui le couillon de service, le Badanaïre de Camargue ! Il répondit :

- « Bande de Brigandas, vous m’avez oublié, moi votre serviteur quotidien. Des années que j’agrémente vos repas, que je relève et révèle tous vos plats. La Méditerranée nous honore de ses oligo-éléments, que j’extrais pour satisfaire vos papilles gustatives et rendre agréable votre nourriture. Et vous, mes prétendus amis, Vous me méprisez ! Oh pauvre, Gentil n’a qu’un œil ! ».

Quel espoussage ! Le malaise était palpable, « la parole est d’argent, mais le silence est d’o r ». Quaouqui fès, on se sent comme un âne bâté, cette soirée là restera dans la mémoire collective. C’est vrai que le sel de Camargue est précieux, il naît de la mer ! Il garni nos tables et conserve même nos aliments, pour tous les menjaïres, la vie ne doit pas manquer de sel ! Surtout pas celui de Camargue… La mer révèle ses secrets à ceux qui savent l’écouter !

 Le saunier rajouta :

- « l’Addition sera très salée mes braves, à compter de ce jour je ne vous approvisionnerai plus en sel de Camargue. C’est à Orléans, que j’enverrai mes récoltes, à ceux qui me respectent, vous n’êtes pas dignes du sel de Camargue ! Débrouillez vous avec vos arencades, si elles manquent de sel vous irez le chercher à Guérande… »

Des semaines durant, la vie était devenue insipide, tout le monde avait perdu le goût du plaisir. Rien, vraiment rien, ne pouvait remplacer le sel de Camargue, ni sa fleur de sel. Il est univer-sel ! Une saveur authentique, inoubliable et raffinée ! L’aïgrillade Saint Gilloise, l’anchoïade, li olivo, souffraient de l’absence de ces petits cristaux qui soulignent la sensation gustative, qui aiguise l’appétit et la satisfaction de manger… « Table sans sel, bouche sans salive ! ».

Ma-riz était « changée en statue de sel », pétrifiée de remords, morose et pâlichonne, les yeux en couille d’hirondelle. La vie en Camargue n’était plus la même pour personne. Même la salicorne désertait peu à peu les marais.  

Beluga aussi était seul, il regardait ses marais où s’amoncelaient les beaux cristaux… Au loin, il aperçut une horde de flamands roses. Montés sur leurs hautes pattes, tout en rouméguant, ils cassaient la dure croute de sel pour happer les crevettes qui bougeaient en dessous. Il vit aussi un ragondin qui cherchait en vain son trou dans la digue, le sel non maîtrisé, détruisait peu à peu sa belle camargue. Les Chevaux, les biaòus, les culévas, tout le monde cherchait à survivre à la brulure du sel.

Sa colère s’en alla comme un vol de chasseurs d’Afrique, il savait bien que Ma-riz ne l’avait pas fait exprès de l’oublier. Il prit sa louche et se remit à l’ouvrage, mais la tache était rude… Alors qu’il allait baisser les bras, tous ses amis se rassemblèrent, sans le juger et se mirent au travail avec lui. Même les culévas transportaient les sacs de sel. Un biaòus voulut même conduire un camion pour faire les livraisons, et il fallut toute la persuasion des grenouilles terre de port pour qu’il change d’idée. La Camargue qui fut toujours une terre façonnée par les hommes retrouva sa belle livrée. Ce renouveau fut fêté lors de la Vote du Cailar, puis celle de Saint Gilles… Et bien sur Beluga fut l’invité d’honneur !

Taureaux, chevaux, riz, flamands et sel  vécurent heureux. Ils organisèrent des fêtes et apéros pour mieux vivre en harmonie, parce que le rire, c’est le sel de la vie !

 

Le F.L.I.C

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité