Les Kékés

Tu trouveras en Camargue des personnages un peu jobastres, de véritables phénomènes d’extériorisation. Je vais te les expliquer.

 La Cagole …

Elle est capable de séduire tes hormones, sans s’embarrasser de tes neurones ! Bijoux de partout, lunettes greffées sur le crâne, maquillée à outrance, elle présente un gout prononcé pour la couleur. Elle se décore de strass et de pacotilles. En permanence endimanchée, l’essentiel de sa tenue vestimentaire est de mettre en valeur ses attributs naturels, dans un esprit d’humanité décomplexée. Le string et soutifs sont exhibés de manière ostentatoire, pour susciter les regards intrépides et voyeurs… Perchée sur ses talons, comme sur des pilotis, la gadji se déplace uniquement en groupe, toujours accompagnée de ses copines. Elle barrule du taffanari toute la journée !

Une Bazarette, spontanée et naturelle, qui barjaque, braille, et hurle de rire, bien sûr uniquement pour être entendu. Une closque…

La cagole s’exprime tout en finesse, avec poésie :

- Oh, fada, je le kiffe grave ce mec !

- Quoi fais tu maï ?

- Tu veux que je m’en vas ?

- Boudiou, il m’énerve de trop, fais caguer !

- Plus que je le vois, plus que je le trouve trop beau…

Elle mastègue toute la journée, et roudine à longueur de temps, un tantinet répoutégaïre. Elle parle abrivado et course de taureaux, mais uniquement pour les gardians et les raseteurs : « C’est qui qui vient comme manade aujourd’hui ? Je voudrais trop qu’il revienne le gars de la dernière fois. »

 La pachole en émoi qui cherche à voir le loup en permanence…

Bien évidemment, messieurs, votre congénère masculin existe lui aussi !

Le Cacou  …

Chemise ouverte, à que la chaine en or qui se perd dans les poils, une chevalière avec ses initiales (au cas où il se perd !), plus ou moins musclé (hum !), casquette ou lunettes de soleil encastré, il est également un rumineur de type « chiquer/cracher »…Tu le repères avec son portable à la main à toute épreuve.

Il vous parle de tout et beaucoup, surtout quand les effluves du petit jaune stimulent son bulbe rachidien, le bringaïre se cultive essentiellement pendant les apéros. Il a autant de bon sens, qu’un âne cornu !

C’est un grand sportif de télévision, pas question de manquer un match, surtout ceux de l’OM, parce que ce sont les meilleurs du monde : « Le PSG c’est comme un patron de bar, il marque pas, il encaisse ! Normal, les autres balancent des gonfles à chaque match !».

C’est un abiouli ! Les taureaux, il en est fada ! Devant les belles nines, balès, il l’achoppe par les banasses. C’est à ce moment que les yeux de la cagole s’illuminent.

Quant aux filles, le beau gosse est confiant sur ses performances de séduction. Il les fait toutes craquer, avec son humour décapant, son bagou et son physique de rêve. Quand une fille s’approche pour lui demander si sa copine lui plait, il répond : « Je sais pas, je suis pas encore empégué !! ». Boudu, comme il se la pète!!!!!

Quand il blague, il termine toutes ses phrases par des « putains, con, mon vié », véritables signes de ponctuation. Il s’exprime avec beaucoup d’intonation et un accent chantant. Lui non plus n’est pas tout seul dans sa tête…

Des personnalités de Camargue, teintées d’insouciance et de bonhomie populaire. Beaucoup de sensibilité dissimulée sous cette théâtrale apparence.

Cagole, cacou, sans eux l’ambiance ici serait bien morose… La galéjade, l’exubérance et la jovialité demeurent les traits Pagnolesques de nos personnages méditerranéens, comme des valeurs traditionnelles de notre terroir.

Ici, en Camargue, le rire et l’ironie, sont des explosions de vie, l’hymne à la joie de vivre !!! La nature chez nous est joyeuse. On craint dégun !

Le F.L.I.C