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La Camargue aux Camarguais
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La Camargue aux Camarguais
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La Camargue aux Camarguais
6 janvier 2012

Conte de Camargue de Mistral Gabian

Il était une fois un jeune Gabian qui répondait au prénom de « Mistral », d’une famille de la haute bourgeoisie Camarguaise. Le jeune prodige était promis à un brillant avenir, un fils talentueux, d’une distinction exceptionnelle. Une éducation sans faille, l’esprit curieux, le verbe rieur. Il était promis à un somptueux mariage, avec la jeune et charmante  « l’Or » Goella de la lignée d’Espelé. Un beau brin de fille, qui en laissait plus d’un rêveur ! Tous attendaient avec impatience que le jeune se déclare auprès de sa belle. Tous,  sauf lui-même. Il l’aimait certes, car il avait grandi à ces côtés, ils étaient très amaïris tous les deux. Il convenait d’ailleurs que c’était un canon cette petite. Il avait partagé mille aventures avec elle, mais il l’aimait comme une sœur, pas comme une amoureuse ! Ce mariage de raison ne lui convenait guère.

 Lui, il avait des étoiles plein la tête, il rêvait d’une beauté pure, et n’avait d’yeux que pour la très jolie « Grâce ». Grâce , une élégante jeune fille Aigrette Garzette qui vivait non loin de chez lui sur le même territoire. Elle était d’une impeccable blancheur avec une touche de raffinement de grande dame.

 Il s’était complètement entiché d’elle le bougre, au point de s’en mettre des cacarinettes dans la tête. Il passait des heures à l’observer au loin, quand elle se promenait seule avec insouciance près du petit cabanon. Son allure prenait à ses yeux des airs de ballet avec ses sauts et ses folles emjambées, le cou tendu et ses ailes déployées. Elle se la jouait un peu pimbêche d’ailleurs, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Plutôt silencieuse, difficile d’approche, elle soupirait quelques « aaah » lors de ses envols longs et vigoureux. Mon dieu qu’elle était belle la nine, et elle le savait bien !

Il lui fallait attirer son attention, de toute évidence il devait la séduire. Alors, il s’exilait des siens régulièrement pour aller la rejoindre. De plongeons en décollages,  des vols majestueux au clair de lune, des chasses effrénées,  il déployait de longue toute son énergie pour se faire remarquer. Il était pourtant le meilleur pescadou de toute la Camargue réunie ! Le volatile marin utilisait tous les stratèges pour impressionner son altesse,  reine de beauté. Rien n’y faisait, la minote ne le voyait guère. Lui par contre il avait les yeux comme le Gobi, elle le faisait devenir chèvre le brave !

Armé de courage, un soir de pleine lune, il se décidât à aganter la douce. Il se tanqua devant elle et aborda la conversation.

« - Bonjour, gente demoiselle, je vous regarde depuis tout à l’heure dans ce fantastique paysage, où vous brillez de mille feux, bien plus que la voie lactée… »

Oh putain ,il sort le grand jeu ce soir, pour sûr, elle en sera toute espantée, pensât-il. Immobile et muette,  les pieds dans l’eau, elle ne le calcula pas. Mistral, tout émoustillé de la voir de si près, continua son approche, le cœur rempli d’espoir.

« -Excusez moi, puis je vous tenir compagnie, belle jeune fille ? » se lançat-il.

« - Boudiou ! Vous croyez que j’ai pas compris votre petit manège de tous les jours. Dès que je tourne la tête, vous êtes dans mon champ de vision, difficile de ne pas vous voir dit-elle sous ses airs de mijaurée. Alors ce soir tu sors le grand jeu du cacou ? Oh pauvre de moi, comme si je pouvais m’éprendre d’une galinette ? Ecoute moi bien le toti, retourne jouer dans ta cour pour ingurgiter tes bordilles, et fiche moi la paix… »

Mistral ne s’attendait pas à un tel affrontement, le cœur serré, il prit son envol les yeux remplis de larmes. « -Pas possible d’être aussi niais, fais du bien à Bertrand, il te le rend en cagant » se dit-il

 Quelle bêcheuse cette langue de pétas, elle se croyait irrésistible et pourtant à cet instant elle lui donnait  le bomit ! Il avait une brave colère…

Depuis plusieurs jours déjà l’Or avait repéré le petit manège de Mistral. Elle en était toute tristounette,  peu chère ! Elle se sentait si seule…Il ne l’aimait pas, c’est une évidence. Ce soir là, au retour de sa virée nocturne, elle vit aux battements de ses ailes qu’il était contrarié. Doucemanette, elle s’approcha de lui pour escournifler l’atmosphère.

« -Oh mon brave Mistral, tu nous fais la trougne que tu  ne nous calcule plus depuis plusieurs jours, on est là avec toi, mais que se passe t-il ? »

« -Oh non l’Or, tu es mon amie, ma confidente, jamais je ne pourrai t’ignorer, mais voilà, la belle Grâce m’a mis un vent en m’envoyant bouler ce soir, et je l’aimais de tout mon cœur ! »

Il fendit le cœur à la petite l’Or, qui dignement préférait être son amie que rien du tout. Alors les jours qui suivirent, elle prit soin de lui. Elle le réconfortait quand ses émotions dépassaient l’entendement, elle lui apportait ses petites gâteries préférées, elle l’emmenait faire d’interminables balades pour lui changer les idées. C’était une brave petite, tout le monde se demandait s’il se rendait compte qu’elle le badait. Mais elle était si triste, qu’elle faisait peine à voir !

Alors, « Coulau », le collègue de l’autre ensuqué,  se décida à prendre le taureau par les cornes pour avoir une bonne discussion d’homme avec l’ami Mistral :

« -Ecoute moi bien le bédigas de service, être con chez toi c’est une philosophie ! Tu y crois encore toi à cette histoire d’amour avec l’autre pignoufle ? Tu te raballes comme un estropié du cœur, sans te rendre compte qu’une autre se morfond pour toi! Oh purge, t’as vraiment pas de figure…Tu fais la fine bouche alors que l’Or, la plus chouette gonzesse de toute la Camargue n’a d’yeux que pour toi ! C’est une évidence mon ami, c’est entendu, c’est convenu comme 36 fesses font 18 culs ! »

Mistral paralysé par les mots durs de son meilleur ami, ne sut que répondre. C’est vrai que l’Or était précieuse à ces côtés, si délicate, si attentionnée… Chaque jour il attendait son arrivée comme le messie, avec espoir et impatience. Elle avait toujours de tendres mots et gestes pour le rassurer, si présente et si fidèle.

 Et si c’était ça…..

Dès le lendemain, il avait résolu de lui parler pour en avoir le cœur net. Par cette lumineuse journée de printemps, il fut saisi dès son apparition. Elle était sacrément belle, il le savait, et pourtant il ne l’avait jamais vu comme ce jour là. L’œil pétillant, une petite étincelle dans le regard, l’humeur joyeuse et vive. Il était subjugué par tant de séduction qu’il ne sut lui parler. Débordante d’enthousiasme et d’énergie, elle lui proposa d’aller à la rencontre des marins, histoire de recueillir quelques offrandes. Il la regarda l’œil en coin, submergé par ses émotions, et lui dit :

«- Je te suivrai au bout du monde, où que tu ailles, Je te suivrai, jusqu'à la mer de corail… 

Allez zou bouge toi, à force de faire l’alongui, on ne sera pas à l’heure pour nos épousailles… »

Si vous entendez rire au dessus de vos têtes, écoutez les,  l’Or s’en émerveille encore !

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Commentaires
E
mon père Marcel COMPAN a été gardian pour le compte du BARON DE BARONCELLI et j'ai entendu dire que son nom figurait dans un livre mais lequel ?<br /> <br /> EST CE QUELQU'UN POURRAIT M AIDER A RETROUVER CE LIVRE ? ce serait une grande joie pour moi et ma famille<br /> <br /> Merci à tous d'aimer autant notre camargue, je suis née à AIGUES MORTES Michele
B
Eh bé, vièi gardian, aqui c'est le grand nord !<br /> <br /> Nostros pauvres échassiers y crèvent sous la glace, on est tous estourbi par ce temps, alors on a pas l'inspiration. Mais voila que la natioun gardian se réveille, bientôt le printemps et le début de la saison, alors patience...
L
Disès, pitchoun, il est bien calme, le blog, ces temps-ci...Ou c'est juste une impression ??
L
L'Ami, elle est bien tournée, ta petite nouvelle. Je me suis régalé avec toutes les expressions de chez nous qu'il n'y manque que l'assent, mais ça on n'a pas encore trouvé le moyen de le faire passer par l'écran.<br /> <br /> <br /> <br /> Et de toti, y'en a pas que chez les gabian, à quelques lettres près, y'en a aussi chez les gardian (au moins un). Dans ma belle jeunesse, je me suis beaucoup amusé, vouèï, je n'en suis pas plus fier maintenant, mais c'est comme ça. Et chez nous, au mas, il y avait la nièce du pelot, une pitchounette que j'avais fait sauter sur mes genoux. Mais elle est arrivée à un âge où les petits coeurs s'éveillent et misère de moi, elle s'est prise de sentiment pour moi. J'avais le double de son âge, elle était jolie comme tout, mais je préférais ne pas voir ce qui crevait les yeux. Je papillonnais et elle, elle se languissait.<br /> <br /> <br /> <br /> Alors, un jour, ma mère s'est plantée devant moi et elle m'a tenus ce petit discours :<br /> <br /> "T'as beau être mon fils, t'es quand même un brave pistachié que ça se dit dans tout le département. La petite, et viens pas me demander laquelle ! Elle est toute estransinée pour to, que quand elle te regarde, même le Saint Sacrement il doit être bravement jaloux ! Alors écoute-moi bien : si tu as des sentiments pour elle, tu dois le lui dire. Et si tu n'en a pas, tu dois le lui dire aussi, sinon tu n'es pas un homme, tu es une bordille ! Et va pas mettre tes pattes sur elle rien que pour l'amusement, ou même à ton âge, je te colle un pastisson qui te fera tourner la tête 10 fois sous le chapeau!" Et elle l'aurait fait, mildiou !<br /> <br /> <br /> <br /> Alors, je lui ai parlé, à la petite. Et si je ne l'avais pas fait plus tôt, c'était parce que j'avais peur qu'elle me rie au nez. Mais elle ne l'a pas fait. On s'est beaucoup aimés, mais quand on a parlé de mariage, sa sainte famille n'a pas voulu de moi. Ils nous ont roulés, chacun de notre côté. 20 ans, qu'on a été séparé. Puis un soir, elle a débarqué chez moi, elle voulait savoir si j'étais toujours vivant. Elle était mariée, elle a divorcé, on s'aimait toujours mais moi je ne voulais pas qu'elle s'encombre d'un vieux fada...Mais elle, oui ! Aujourd'hui, j'ai soixante-dix-sept balais, elle a 54 printemps. Et ça va faire trois ans qu'on est marié.<br /> <br /> <br /> <br /> J'aurai appris une chose : IL FAUT TOUJOURS ECOUTER SA MAMAN !
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