La Camargue hiberne

Alors que l’automne s’éteint doucement, la Camargue enfile sa robe de velours, l’hiver marque son passage fugace. La Camargue redevient elle-même, libre et sauvage. Les jours de tempête de mer,  l’emplein recouvre le sable, les dunes sont attaquées, la plage disparait…

Après la sécheresse estivale, on se cogne des averses Méditerranéennes en pagaille, comme on dit ici « pluie en hiver, moustiques, au printemps ». Les sansouires sont inondées et les marais deviennent le dortoir de milliers de palmipèdes. Canards, foulques, sarcelles s’installent pour cancaner  l’hiver en Camargue.

Les hérons cendrés construisent leur nid, quillé sur les plus hautes branches, pour se préparer à couver.

Les Flamands roses s’activent à la parade nuptiale, un véritable ballet. Ils revêtent leur plus beau plumage, dansent sur l’eau en cadence, tournent la tête de droite à gauche, et ouvrent en rythme leur ailes… Il faut séduire la gadji !

Perchés sur les tamaris, les buses un peu ensuqués, admirent le spectacle de ses congénères sans broncher.

La manade va enfin pâturer. Les gardians et leur monture s’occupent de l’arribage des taureaux, ils les changent de pâture vers des zones plus sèches. Les bêtes sont rassurées, abreuvées, nourries à satiété pour combattre le froid. Cachés dans les roseaux, les taureaux prennent des allures de bison.

Les poulains sont séparés de leur mère, marqués au fer par la manade. Les chevaux sont débourrés pour préparer la prochaine saison, les plus chevronnés retrouvent leur semi liberté, pour une vie à l’état sauvage. Les hérons garde-bœuf squattent sur leur dos pendant qu’ils broutent les roseaux et la salicorne.

Alors que le froid du mistral paralyse les festejaïres dans leurs activités, que vont donc pouvoir faire nos amis Camarguais ?

L’heure est au bilan, il faut préparer la prochaine saison. Il est indispensable de réviser le matériel de survie, la panoplie du bon Camarguais !

Tout d’abord la canne à pêche, il faut l’entretenir, démonter et graisser le moulinet, changer le fil. La prochaine saison s’annonce terrible, nul doute tu restes un redoutable pêcheur pour ferrer la dorade !

Tu dois également te mettre à la tâche, pour lustrer tes boules de pétanque. Eh oui, elles doivent fouler le terrain de boules comme des championnes à la belle saison.

Le barbecue doit être protégé, le salon de jardin à l’abri, le bar d’été est fermé jusqu’à l’an pèbre, quelle pouasse !

Attention, il te faut sortir quand même, prendre l’air est nécessaire pour ne pas devenir microcéphale. Moi je te conseille la chasse, un sport utile, de détente assuré. Pas la chasse aux moustiques, comme à l’été, la chasse au gibier pardine. L’occasion de terminer par un bon apéro avec li bon coulègo parce que sortir à jeun, c’est sortir pour rien !

 L’hiver est également propice aux petits pénéquets, pour ne pas rester sans rien faire. Ça évite de marroner tout le temps contre la pluie, le mistral et le froid.

Ce qui manque le plus l’hiver, c’est de pouvoir mater la petite nine, beaucoup trop couverte en cette saison ! Il te reste la soirée des miss France, l’unique occasion de voir les filles en maillot.

Si vraiment tu déprimes, il te reste à inviter les copains à l’apéro, choisir de boire, c’est bien se conduire !!! L’occasion de faire quelques couillonades entre amis, tchatcher du programme de l’an que ven !. La recette est la même, un bon ricard et ça repart….

Et n’oublie pas le vieux dicton,  « A la Sainte-Véronique, - Le soleil à l'hiver fait la nique ».

Le F.L.I.C