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La Camargue aux Camarguais
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La Camargue aux Camarguais
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La Camargue aux Camarguais
15 octobre 2011

ORAGES


Un jour, un "Parisèn" m'a demandé ce que c'était que les orages sur notre Camargue.  Je n'ai pas voulu lui faire peur, mais ils peuvent être terribles. Parfois on les sent venir de loin. Parfois ils vous tombent dessus comme la mau-parado. Quand ils s'annoncent...On a l'impression que la chaleur va faire bouillir lis estang. Les bestiasso sont comme hébétées et pourtant on les sent inquiètes, qu'elles, elles savent bien  ce qui se prépare. Nos chevaux aussi le sentent, ils faut qu'ils aient une brave confiance dans leurs cavaliers parce que sinon...Les cigales et tout ce qui bruisse dans les herbes font un bruit d'enfer, que vous avez l'impression qu'elle sont devenues folles et que vous, vous n'en êtes pas loin. Et toujours cette chape brûlante qui vous pèse sur les épaules.

Puis il vient un moment où vous n'entendez plus que le silence, le ciel devient sombre comme une menace...Un vrai ciel de plomb fondu. Et soudain......Une gerbe de feu, le premier éclair...Et un bruit d'enfer qui le suit. Et un autre.....Et encore...Que parfois ça fait courir la manade comme si les démons la poursuivaient et qu'il faut bien prendre garde à ce que les bêtes n'aillent pas se jeter tête baissée dans le fleuve ou dans des endroits que c'est la mort assurée. Et dans ses moments-là, je fais une prière pour que mon ficheiroun n'attire pas la foudre. Gramaci Dièu, ça n'est jamais arrivé*. Mais que je perde des bêtes, oui.

Et là-dessus, une pluie pas possible, qu'on ne reconnaît presque plus les endroits familiers, on voit tout comme à travers un rideau de perles liquides, ça affole les manades et nous on est encore bien content quand on n 'a affaire qu'à l'eau du ciel. Parce que parfois, elle s'unit à celle du Rhône et quand le fleuve vient, ah misère de nous, lui il nous fait bien du mal. Il vient nous rappeler jusque dans nos maisons nous que même si nous essayons de le contenir, de l'asservir avec des digues et nos pauvres moyens d'hommes qui se croient plus fort que la  nature...La nature, c'est lui, et elle est toujours la plus forte. Les bêtes tournent li bano au giscle, elles sont toutes perdues et sans nos chevaux, qu'il n'y a pas plus courageux qu'eux, il y en bien qui se noieraient dans les eaux du fleuve-roi, d'où on dit qu'ils sont venus après avoir passé la mer.

Il y a sûrement des endroits où les orages sont pires que chez nous. Mais ils nous rappellent utilement que nous ne sommes tout petits en face de la nature. Et quand ils se calment, la terre est toute fraîche, toute mouillée  d'une eau qui laisse de perles  à chaque brin d'herbe, on sent des odeurs de fleurs, de terre, des odeurs qu'on ne sent qu'à ce moment-là....Et dans le  calme revenu, les bêtes, de la plus grande à la plus petite, reprennent leur vie, les cigales chantent que ce n'était pas encore la fin du monde cette fois-ci, même si ça y ressemblait. Peut-être que ce n'est pas vraiment comme ça, mais moi, c'est ainsi que je les vis, nosti chavano de Camargo...

(Lou vièi gardian)

*Quand je dis que ça n'est jamais arrivé, si, je me suis déjà pris une fois, une seule fois, un coup de foudre. Il y a plus de 30 ans et je n'en suis toujours pas remis.  Mais heureusement.…elle non plus !

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